La mise en place de nouvelles technologies, de manière générale, a révolutionné la vie de tous leurs utilisateurs. Télécommande, internet, téléphone portable, assistants vocaux intelligents, chatbots… Quelle que soit leur forme, ces outils s'invitent dans notre quotidien pour rendre notre expérience beaucoup plus agréable.
Dernièrement, nous le devons surtout aux progrès de l’intelligence artificielle (IA), qui permettent aux algorithmes d’anticiper et de répondre parfaitement à nos attentes.
Qu'en est-il de la prise en compte des personnes handicapées au temps de l'IA ? Voici notre analyse complète incluant chiffres, constat, et exemples concrets.
Avant de parler d’accessibilité, il est important de s'arrêter sur les performances extraordinaires de l'intelligence artificielle. Celles-ci sont tellement fascinantes qu’on se demande encore si les robots ne vont pas finir par nous remplacer.
En effet, certaines tâches ne sont plus la chasse gardée de l’humain, car on trouve aujourd’hui des machines programmées pour différentes missions comme la traduction d’un texte ou encore la conduite d’un véhicule. Nos amis les robots sont présents sur tous les fronts. Et dire qu’en 2016 la machine avait battu le champion du monde du jeu de go.
Environ deux personnes sur dix en France ne peuvent pas utiliser les outils et les services numériques en raison de leur handicap. Au sens large, l’accessibilité numérique touche différentes catégories d’utilisateurs :
D’après le rapport du Conseil national du numérique (CNNum) sur l’accessibilité numérique, un peu plus de 60 % des développeurs et des concepteurs de sites internet ignorent les dispositions légales liées à l’accessibilité, notamment le référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA). Cette série de réglementations, basées sur les critères internationaux WCAG 2.1, facilite l’application des normes d’accessibilité web en respect au décret de juillet 2019 et à la directive européenne de 2016.
Autre fait pour le moins étonnant : 34 % des entreprises de services numériques (ESN) n’ont même pas connaissance de l’existence d’un tel cadre légal sur l'accessibilité.
72 % des entreprises du service numérique ignorent les risques liés aux obligations légales en matière d’accessibilité. Pour rappel, le décret du 24 juillet 2019 sanctionne par une amende de 20 000 €/an le non-respect des règles d’accessibilité. Le rapport CNNum démontre également un manque de sensibilisation auprès des professionnels du numérique.
Ce constat pourrait s’expliquer par le fait que l’accessibilité est encore vue comme une contrainte, alors qu’elle représente pourtant une opportunité pour les entreprises.
Il faut le reconnaître, l’existence d’une réglementation nationale montre une réelle avancée au niveau de la prise de conscience sur l’accessibilité numérique. En effet, rendre son site accessible représente un enjeu légal, que ce soit dans le public ou dans le privé. La réglementation en vigueur par la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées veut que les sites et les services numériques publics soient 100 % accessibles.
L’enjeu légal est déjà une bonne raison de se conformer aux règles de l’accessibilité. Plus globalement, la mise en conformité à l’accessibilité web comporte de nombreux autres avantages aussi bien sur l’aspect social, éthique et économique. Une entreprise qui respecte les règles d’accessibilité a tout à gagner à rendre son site web accessible à tous les utilisateurs.
Bon à savoir Selon un rapport de l’Opiiec, 11 % des entreprises seulement ont pu identifier l’accessibilité numérique comme un enjeu susceptible de générer des opportunités économiques. |
L'accessibilité numérique représente un levier d’innovation au sein des entreprises.
Environ 150 entreprises en France mettent leurs compétences à disposition des personnes handicapées avec des solutions qui leur permettent d’accéder plus facilement aux outils. Pour favoriser le développement de l'intelligence artificielle en France, le ministre de l’Économie a prévu un budget de 1,5 milliard d'euros d’ici 2022.
Le CNNum, qui soutient les startups françaises liées à l'accessibilité numérique, encourage le financement de solutions d’accessibilité numérique fondées sur l'intelligence artificielle.
Les dernières avancées pilotées par l’IA dépendent énormément de la data. Avant l’algorithme ne faisait qu’exécuter, mais ce temps est révolu. Aujourd’hui, grâce au développement des technologies, l'IA fonctionne et répond aux besoins des utilisateurs de manière autonome et contextuelle, en s’alimentant de milliards de données.
L’IA se compose d’une large variété de technologies et d’outils différents, dont le Machine Learning. Le Machine Learning permet d’automatiser les tâches en apprenant aux algorithmes comment les exécuter de manière autonome, à l'aide de traitements de données. Par exemple, on peut enseigner à la machine comment reconnaître un objet avec des photos de ce même objet.
Autre technologie d’intelligence artificielle : le Deep Learning, sous-brique du Machine Learning. Le système fonctionne avec des réseaux de neurones artificiels multicouches qui combinent différents algorithmes calqués sur l' intelligence humaine.
Dans la liste des composants de l’IA, on retrouve le traitement naturel du langage. Cette technologie permet aux machines de comprendre le langage humain. Elle est utilisée dans la programmation des algorithmes des assistants numériques : Alexa, Cortana, Google Assistant et Apple Siri.
Enfin, la vision par ordinateur permet aux robots de voir, interpréter, et reconnaître les images comme les humains. Dans les systèmes de reconnaissance faciale, on l’utilise pour perfectionner les caméras de sécurité modernes ou encore identifier le propriétaire des smartphones.
Ipedis a testé plusieurs nouveautés en termes d'intelligence artificielle & d’accessibilité web.
L’Automatic Alternative Text (AAT) de Facebook est capable de renseigner une balise texte alternatif pour permettre aux personnes malvoyantes ou non-voyantes de comprendre ce que représentent les contenus visuels publiés sur certains réseaux sociaux comme Facebook et Instagram.
Facebook a semble t-il dernièrement amélioré son système de description d’images pour proposer des descriptions d'images encore plus détaillées. Celui-ci pourrait, en fonction des préférences de l’internaute, donner une description de ce qu’il y a en arrière-plan ou en avant-plan.
Nous avons effectué plusieurs tests avec différents lecteurs d’écran et plusieurs images différentes. Le résultat est très intéressant.
Le premier test effectué est sur desktop avec le lecteur d’écran Jaws. Elle inclut une image contenant une table. L’image ne possédant aucune alternative. Lorsque l’utilisateur passe avec Jaws, une alternative est suggérée sous forme d’hypothèse “peut être une image d'intérieur ”. Sur d’autres images où du texte est inscrit, l’algorithme n’est pas capable de retranscrire les textes au lecteurs d’écran mais il indique la présence d’éléments textuels.
Un deuxième test a été effectué sur Iphone avec IOS 15. Les résultats obtenus sont similaires à ceux obtenus avec Jaws. L’IA peut permettre d'obtenir des informations supplémentaires mais incomplètes. Afin d’obtenir une meilleure accessibilité numérique et une égalité de traitement dans la communication des informations, l’ajout d'une alternative par les utilisateurs paraît à ce stade indispensable.
En effet, même si Facebook met en place des outils d’IA pour retranscrire les images, seuls les utilisateurs savent ce qu’ils veulent communiquer en termes d’information utile à travers leurs images.
Grâce à son système d’intelligence artificielle, le lecteur d’écran VoiceOver se dit capable de lire les textes qu’il identifie sur les images et les photos pour les utilisateurs malvoyants ou non-voyants.
Nous avons effectué plusieurs tests avec cet outil et le résultat est assez bluffant. Le test a été réalisé sur IOS15. En premier lieu, l'utilisateur doit se rendre dans l’onglet accessibilité puis dans VoiceOver enfin dans reconnaissance par VoiceOver.
Il doit activer la fonction “ Reconnaissance de l’écran” et “ Reconnaissance du texte”.
Grâce à ces différentes manipulations, il est possible pour une personne aveugle de lire un livre ou magazine papier. Lorsque l’on approche l'appareil photo devant un élément qui contient de l’écriture, un bouton apparaît. Ce bouton permet de mettre en valeur le texte présent et visible par l’appareil photo. La personne non-voyante ou malvoyante peut ensuite utiliser VoiceOver comme si elle accédait à un contenu textuel sur son téléphone.
C'est une vraie révolution. En effet, cet outil permet aux personnes en situation de handicap visuel d’avoir accès à des contenus papiers sans transcription en braille par exemple. Nous avons effectué ce test avec différents supports papiers et tous les textes étaient reconnus.
Il est aussi possible de prendre en photo l’élément qui contient du contenu textuel et se rendre ensuite dans la galerie photo. Un bouton pour mettre en valeur le texte contenu dans l’image va apparaître et les personnes aveugles pourront accéder aux informations contenues dans l’image.
Cet outil est très puissant et à long terme il peut devenir une vraie technique de compensation à la cécité pour un réel gain d’autonomie.
Outil indispensable dans le domaine de la gestion de la relation client (CRM), le chatbot permet d’optimiser au mieux son service client.
Il fut un temps où les chabots se limitaient à répondre par « oui » ou par « non » à un nombre de questions prédéfinies. Grâce aux progrès de l’IA, les possibilités d'interactions sont bien plus développées, mais aussi plus personnalisées pour enrichir l’expérience client.
À L'heure de la digitalisation et de l’essor du e-commerce, les chatbots ont encore un bel avenir devant eux.
L'intelligence artificielle s’impose de plus en plus dans l’accessibilité numérique. Elle permet un véritable gain d’autonomie pour les personnes en situation de handicap.
L’IA est sans aucun doute un très bon moyen pour lutter contre les inégalités.
Mais, même si l’IA est vecteur d’innovation dans de nombreux domaines (transcription automatique, automatisation des sous-titres,...), il reste encore du chemin à faire.
En attendant, il n’y a pas de secret, la prise en compte de l’accessibilité dans la stratégie digitale de l’entreprise, et l 'application des standards d'accessibilité web (RGAA, WCAG, EN 301549), est indispensable pour un web plus inclusif.