La crise sanitaire due à l’épidémie COVID-19 a fait ressortir un problème majeur pendant le confinement. L’impact du manque d’accessibilité sur le web s’est fait ressentir de manière croissante.
Alors, quelles ont été les conséquences de la pandémie sur l’accessibilité numérique (AN), surtout pour les personnes en situation de handicap ?
Découvrez notre analyse complète et détaillée dans cet article.
Le coronavirus a entraîné un grand bouleversement sur la santé et la vie quotidienne des gens partout dans le monde.
Décembre 2019, la COVID-19 est signalée pour la première fois dans la ville de Wuhan, en Chine. Un mois plus tard, la France est touchée et le virus se répand en Europe.
Près de deux millions de cas ont été confirmés et environ 180 000 décès recensés en Europe. La France est le 3e des pays les plus endeuillés après le Royaume-Uni et l’Italie.
Sur le plan économique, c’est une crise jugée « sans précédent » pour l'ensemble des pays de l'UE.
L’accessibilité web consiste à mettre à disposition de tout le monde les nouvelles technologies et à favoriser un égal accès aux ressources numériques existantes. C’est un des principes fondamentaux du web selon les règles imposées par le W3C.
La pandémie a porté un coup dur à un grand nombre d’entreprises. Et à contrario un bon coup de pub pour l’accessibilité numérique. En effet, l'Accessibilité Numérique prend tout son sens dans ce genre de situation où l’accès à l’information se révèle vraiment indispensable.
Miser sur l’universalité d’internet est crucial pour diffuser l’information auprès de tous. Une démarche qui doit absolument satisfaire l’intérêt de tout le monde, et plus spécifiquement les laissés pour compte de l’éco-système numérique.
La grande majorité des gens privés de l’accessibilité numérique incluent les personnes ayant une déficience physique, mentale ou cognitive. Une situation contribuant malheureusement à renforcer les clivages sociaux et économiques.
Ce qui, selon l’UNESCO, est à fortiori « une question de vie ou de mort si les gens ne peuvent pas accéder à des informations essentielles sur la santé ».
La crise sanitaire n’a fait que confirmer les lacunes techniques et les défauts d’accessibilité sur le web.
Dans l’urgence, L’État a mis en place des dispositions concrètes pour une sortie progressive du confinement et pour faire face à la crise.
D’un côté : la création d’un espace handicap dédié avec un téléservice pour ne pas oublier les publics fragiles. De l’autre, la mise en place de mesures préventives et restrictives telles que : l’obligation de fournir différents documents comme l’attestation de déplacement dérogatoire individuelle et employeur pour pouvoir sortir de chez soi ou voyager.
Résultat : bilan mitigé.
Ces PDFs qui étaient indispensables dans cette période de confinement pour faire face à la vie de tous les jours n’étaient malheureusement pas accessibles lors de leur mise en ligne pour les publics non-voyants et mal-voyants car non lisibles par les lecteurs d’écran. Cela a été corrigé par la suite grâce notamment, à l’initiative d’Ipedis et d’autres confrères.
(Ipedis a mis ces documents au format e-accessible ici.)
Ce manque de technologie d’assistance n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Selon une directive de l’ UE, l’accessibilité des services et des produits sur internet est une obligation légale que l’on soit une entité publique ou privée. Et malgré une prise de conscience qui se dessine, on est encore loin du compte. L’accessibilité des services doit être garantie.
Triste réalité surtout pour les personnes en situation de handicap, privées d’information et vivant dans l’impossibilité d’accéder aux premières démarches administratives, postuler à un emploi, commander ses courses... Une double peine si on considère le facteur exclusion.
Alors que les personnes ayant une déficience souffraient déjà de la fracture numérique, le confinement est venu enfoncer le couteau dans la plaie.
La fracture numérique est bien réelle en France. En venir à bout est devenu inévitable pour renforcer l’inclusion sociale.
De manière globale, la COVID-19 a lésé les publics fragiles au sens large du terme, c’est-à-dire les personnes précaires ou en situation de pauvreté, les seniors, les personnes n'ayant pas les compétences nécessaires pour utiliser les outils en ligne (mail, visio…) - et les personnes handicapées à juste titre.
Le rapport « Le fossé numérique en France » de 2011 du Centre d’Analyse Stratégique (CAS) considère deux types de fractures numériques.
Le premier concerne tout ce qui est lié à l’accès aux outils numériques (disposer d’un ordinateur, une connexion internet....).
Le second s’articule autour de l’usage du numérique et des connaissances en matière de la technologie ; en 2019, 38 % des Français manquent d’au moins une compétence numérique de base (INSEE).
Ce qui revient à dire que l’accès internet à lui seul n’est pas suffisant pour continuer à mener une vie active en période de confinement. L’ensemble de l’écosystème numérique doit être accessible pour éviter toute forme de discrimination et permettre un accès égal à tous les individus.
Le coronavirus a eu un impact considérable sur l'évolution des procès. Aux États-Unis, le nombre de plaintes de sites non accessibles est toujours très élevé selon les chiffres de l’ADA.
Pour s’attaquer aux besoins urgents des personnes en situation de handicap, le Collectif Handicaps a suggéré 15 recommandations, dont le financement des services à domicile, l’accessibilité de toutes les communications publiques officielles, l’application de la circulaire du 4 septembre 2012 relative à l’évaluation de l’impact de tous les projets de loi sur la situation des personnes handicapées et le principe de la conception universelle comme condition de tous les plans de relance qui sont annoncés.
Le confinement a permis une grande avancée dans le télétravail. En ce sens, les entreprises pensent de plus en plus à laisser leurs employés en télétravail, même une fois la crise passée.
Une bonne idée, vous me direz !
Là où le travail à distance profite aux personnes handicapées, c’est justement pour pallier les inconvénients liés aux pratiques de la vie professionnelle.
Entre les problèmes d’accessibilité limitée des transports en commun et des parkings, les bureaux à l’intérieur du bâtiment, les relations avec les collègues, cette nouvelle forme de travail est une aubaine pour les personnes en situation de handicap.
La visioconférence et les webinaires facilitent ainsi grandement les échanges et les collaborations, et résolvent les problèmes de mobilité pour participer aux réunions ou conférences.
Quid du problème ?
Souvent il est question du télétravail comme un atout concernant l’insertion des personnes en situation de handicap au niveau physique. Cependant, ce qui n’est pas toujours dans les esprits, c’est que le manque d’accessibilité numérique reste un frein pour ces personnes.
Donc, même si le problème de déplacement est résolu, il existe encore des manquements en matière d’accessibilité numérique.
Comment faire si les outils, supports, logiciels digitaux n’ont pas été conçus pour répondre aux critères WCAG 2.1 ?
On ne fait que déplacer le problème.
Si un site internet n’est pas ADA compliant ou RGAA friendly depuis votre bureau, il ne le sera toujours pas depuis votre cuisine.
Les logiciels de visio conférences, les applications métiers et environnement virtuel type Citrix souffrent encore d’importantes lacunes dans la conformité aux standards d’accessibilité.
Les personnes souffrant de handicap notamment visuel ou cognitif se sentent lésées, ce qui crée des disparités d'autant plus importantes.
En somme, la période de confinement offre matière à réflexion sur l’avenir du télétravail.
Si l’idée de télétravail est prometteuse pour faire tourner ses activités - et puisque les collaborateurs se montrent aussi efficaces qu’au bureau -, il ne faut pas oublier que cette stratégie nécessite des moyens matériels, logistiques, techniques, ...
Internet offre de nombreux avantages, que ce soit pour communiquer, se former, travailler sans se déplacer. Malheureusement, lorsque le numérique n’est pas accessible, il ne fait que renforcer les inégalités et exclusions.
Selon l’étude de l’INSEE, environ 20 % de la population française n’a pas accès à internet ou ne maîtrise pas les outils numériques.
Suite à cette crise sanitaire, l’importance de l’accessibilité Web aux personnes en situation de handicap relève d’une réelle nécessité, notamment pour la communication et la diffusion de l’information.
Nous avons tous notre rôle à jouer. Commencer par intégrer des niveaux d’accessibilité numérique dès la conception de contenus virtuels ou en ligne, tels que la réalisation de sites web, d’application mobiles, ou plus simplement de PDFs, ou encore de sous-titres & transcripts vidéos est un premier pas.
Et d’une manière plus globale, repenser sa place au sein des entreprises en est la suite logique.