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Accessibilité et handicap : les nouvelles technologies destinées à pallier les déficiences

Par Moïse Akbaraly, le 21 décembre 2018 à 17:16

Sans même nous en rendre compte, nous sommes quotidiennement sollicité par les aides technologiques pour personnes en situation de handicap. Les inventions telles que la télécommande, la vocalisation dans les rames de métro, ou encore le signal sonore aux passages piétons en sont quelques exemples parmi une longue liste.

Il est donc clair que le développement des technologies liées à l’accessibilité aux handicapés est intimement rattaché aux besoins de tous les usagers, qu’ils soient en situation de handicap ou non.

 

Les avancées technologiques, leviers de l’accessibilité des personnes handicapées

L’accessibilité aux nouvelles technologies pour le handicap, en cette ère numérique, constitue une aide technique précieuse. Mais qu’entend-on par accessibilité aux personnes en situation de handicap ?

En bref, ce concept consiste essentiellement à ce que l’écosystème numérique (internet, applications, outils et terminaux) soit accessible et utilisable par tous, notamment aux personnes ayant un handicap - les personnes atteintes d’une déficience physique ou mentale.

Pour tout dire, chaque utilisateur doit pouvoir percevoir, comprendre, naviguer et interagir aisément. Le but étant de faire évoluer tout le monde au même rythme, sans que quiconque soit mis à l’écart. Ce qui revient à dire que les nouvelles technologies au service du handicap pallient les difficultés des personnes présentant des déficiences physiques ou mentales.

Sous cet angle, la technologie d’assistance pour le handicap doit répondre à un véritable enjeu, celui de contourner les obstacles auxquels font face les personnes handicapées. C’est ainsi qu’ils pourront profiter des mêmes privilèges, que ce soit dans un cadre personnel ou professionnel.

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Qui est concerné par l'accessibilité numérique ?

Les personnes particulièrement concernées par l'accessibilité numérique peuvent être classées en plusieurs catégories. Rappelons-le : une personne sur dix souffre d’un handicap et une sur cinq considère être limitée dans ses activités.

Les handicaps peuvent être physiques et sensoriels (moteurs, auditifs, visuels), mentaux (intellectuels, psychiques, cognitifs) ou les deux (polyhandicaps).

Le handicap visuel

Le handicap visuel peut être moyen ou sévère, comme le daltonisme, la cécité ou la rétinopathie. Aujourd’hui, les personnes aveugles peuvent accéder aux contenus sur le web grâce à des lecteurs d’écran associés à une plage braille et à la technologie de la synthèse vocale.

Des innovations pour handicap telles que les loupes d’écran ou des logiciels plug-in sont conçues à destination des personnes malvoyantes avec possibilité d’agrandir les textes ou de modifier leurs couleurs.

Le handicap moteur

Le handicap moteur est un terme assez large, mais nous nous attarderons surtout, et à juste titre, sur l’incapacité des individus à utiliser la souris ou le clavier. En effet, les personnes à mobilités réduites éprouvent des difficultés de compréhension, de contrôle des mouvements, d’enchaîner des mouvements séquentiels ou de combinaisons de touches.

Des solutions comme des claviers spécifiques ainsi que le « focus » (petit encadré signalant une action possible via des liens ou boutons) permettent de faciliter la navigation.

Le handicap auditif

Les personnes sourdes ou malentendantes ont du mal avec les informations sonores, les fichiers sons (podcast) et la vidéo. Elles ressentent parfois des difficultés d’élocution et de compréhension écrite.

Le handicap mental ou cognitif

Les utilisateurs présentant un trouble mental ou cognitif souffrent de problèmes de réflexion, de mémoire et de perception. C’est pourquoi il est important d’adapter, voire de simplifier, la consultation et la navigation web. D’ailleurs, la mise à jour des règles de l'accessibilité numérique du WCAG 2.1  prône à tout va l’application de nouveaux critères liés au handicap cognitif.

Les personnes âgées (d’au moins 60 ans) sont également concernées par les problèmes d’accessibilité aux innovations technologiques. Notons-le : les seniors représentaient 18,8 % de la population en France en 2016 (chiffres publiés par l’INSEE début 2016). Et, selon la tendance actuelle, la donne n’est pas prête de changer avant 2035 minimum.

Les seniors, qui sont plus vulnérables, peuvent donc faire face aux mêmes contraintes d’accessibilité dues à la déficience motrice, la diminution de certaines capacités (vision, concentration, audition) et de surcroît des difficultés à maîtriser ou apprendre l’utilisation de nouvelles technologies ; 3 raisons qui justifient l’accessibilité aux personnes en situation de handicap.

Une obligation légale

Dans bon nombre de pays occidentaux, l’accessibilité aux personnes handicapés est un must lors de la conception des sites des services publics. Dans l’Hexagone, en l’occurrence, la loi de février 2005 sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées est on ne peut plus explicite à ce sujet :

« Les services de communication publics en ligne des services de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics qui en dépendent doivent être accessibles aux personnes handicapées. L’accessibilité des services de communication publics en ligne concerne l’accès à tous types d’information sous forme numérique, quels que soient le moyen d’accès, les contenus et le mode de consultation. Les recommandations internationales pour l’accessibilité de l’internet doivent être appliquées pour les services de communication publique en ligne. (…) Le décret énonce en outre les modalités de formation des personnels intervenant sur les services de communication publique en ligne. »

Une norme officielle du W3C

« Un seul web partout et pour tous » ! Le leitmotiv en dit long de ce que le World Wide Web Consortium (W3C), organisme de normalisation, exige des concepteurs de plateformes web. Le concept du « web pour tous » signifie un accès à tous, indépendamment de leur matériel, ou de leur situation personnelle et physique.

Un enjeu de citoyenneté

L’enjeu de citoyenneté n’est évidemment pas en reste. L’outil numérique fait partie du quotidien de tous, dans la vie professionnelle et privée. Autrement dit, il est devenu un moyen d’intégration et d’autonomie dans toutes les sphères de la société. D’où l’importance de mettre la technologie au service des personnes ayant un handicap.

Comment utiliser les nouvelles technologies pour les rendre accessibles à tous ?

Compte tenu de ce qui précède, l’appel est lancé aux concepteurs et aux ingénieurs de logiciels, de systèmes d’exploitation, d’applications et d’appareils ! En effet, des normes pour les personnes handicapées tiennent compte de la construction des plateformes web et des documents électroniques accessibles tout en respectant la qualité graphique, fonctionnelle et ergonomique.

Pour cela, on préconise un format normalisé dès le début de la conception tels les exemples que nous allons découvrir.

Infographie illustrant les innovations technologiques

Quelques exemples d’innovations au service du handicap

La reconnaissance vocale

Avec l’avènement de la technologie vocale, les géants du web (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) tirent pleinement parti de l’intelligence artificielle, plus précisément du deep learning.

Fonctionnant grâce à un réseau de neurones artificiels, cette branche de l’apprentissage automatique permet aux GAFAM (Google et consorts) de développer des assistants intelligents comme Google Now, Alexa, Siri, Cortana pour comprendre la voix des utilisateurs et ainsi répondre efficacement à leurs requêtes.

Selon ce qui précède, on constate que les assistants vocaux peuvent faciliter le quotidien des personnes handicapées, dans de nombreuses situations. Dans la pratique, ils permettent d’associer une série d’actions tout simplement avec la voix sans avoir besoin de se déplacer ni de manipuler l’appareil.

Il suffit de dire « Ok Google... », par exemple, pour ouvrir des volets ou allumer des lumières. En 2020, on compte environ 24 milliards d’appareils connectés dans le monde. Ce qui représente 4 appareils par personnes. Selon certaines études, il faudrait s’attendre à atteindre les 50 milliards en 2030. Il s’agit d’une réelle explosion des technologies. Une course effrénée à la 5G est engagée par Nokia, Huawei et Ericsson qui se partagent le marché mondial en cumulant 60.4% des parts mondiales à eux trois (source Le Monde).

En outre, certains outils, comme le transcripteur vocal, aident énormément les personnes en situation de handicap moteur. Grâce à une retranscription vocale hautement performante, l’utilisateur éprouvant des difficultés à se servir du clavier et/ou de la souris peut dicter et mettre en forme du texte.

Mais ce qui contribue en priorité à un moyen d’accessibilité des personnes handicapées s’étend bien au-delà de cet usage « exclusif ». Par ailleurs, la migration vers le SEO vocal fait beaucoup parler d’elle à l’heure où 20 % des requêtes sur Google proviennent de la recherche vocale.

En d’autres mots, les attentes sont élevées et il faudra miser fort pour satisfaire le plus grand nombre. Tout bien considéré, l’IA, par le biais de la reconnaissance vocale, permet de fournir une réponse adéquate aux requêtes des utilisateurs tout en offrant une meilleure interaction.

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La synthèse vocale

Avec la synthèse vocale, vous pouvez désormais donner de la voix à vos sites web, documents numériques ou applications mobiles. Concrètement, vos contenus textuels se transforment en paroles plus vraies que nature pour favoriser l’accessibilité.

La transcription phonétique regroupe un ensemble de champs d’application, notamment la vocalisation d'écrans informatiques (lecteur d’écran) ou des outils de vocalisation web comme Readspeaker.

Dans le deuxième exemple, vos contenus en ligne sont instantanément convertis en synthèse vocale donnant accès aux seniors, aux personnes non voyantes, malvoyantes et celles ayant des difficultés de lecture. In fine, la technologie de synthèse vocale répond parfaitement aux normes de l’accessibilité définies par le World Wide Web (WCAG).

Le sous-titrage automatique

Les nouvelles technologies ont permis l’intégration des sous-titres automatiques pour aider les personnes ayant une déficience auditive ou visuelle.

Deux exemples concrets : PowerPoint et Skype, puisqu'ils proposeront bientôt des sous-titres automatiques et en temps réel. Ainsi, la firme de Bill Gates mise fort en procurant une solution capable d’offrir une transcription écrite (en temps réel) des paroles des interlocuteurs.

La technologie haptique

Les technologies haptiques représentent un atout de taille dans l’accessibilité des personnes atteintes de handicaps, notamment les malvoyants et les non-voyants.

L’écran tactile est conçu dans le but de faire ressentir des vibrations légères lorsque l’utilisateur pose son doigt dessus. Le but étant de donner la sensation d’appuyer sur un bouton physique pour vivre une meilleure expérience.

En somme, il favorise non seulement l’action, mais aussi la perception ce qui répond parfaitement aux critères W3C. Voilà pourquoi les géants du numérique comme Fujitsu et Apple se sont empressés de lancer leurs produits pour offrir une accessibilité totale aux handicapés.

La robotique

La robotique s’avère être un atout technologique de taille, pour assurer l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, frappées notamment par la paralysie. L’invention des exosquelettes ou squelettes extérieurs permet aux personnes paralysées (des membres inférieurs) de reprendre une vie active.

Le Genium X3

Cet appareillage prothétique motorisé, à l’origine destiné à la rééducation des militaires blessés, aide à redonner de la mobilité aux personnes ayant perdues l’usage de leur jambe.

Rewalk

Autre exemple de la marche appareillée : le Rewalk est un dispositif qui permet aux personnes de recouvrir les jambes et les cuisses. Outre le fait de faciliter la marche, l’exosquelette apporte de nombreux bienfaits tant sur l’aspect physique que psychologique.

La technologie de reconnaissance des mouvements

La technologie de reconnaissance des mouvements vient allonger la liste des dispositifs d’aide technique au handicap. Sur ce point, les innovations développées font la part belle aux jeux vidéos, dont les consoles telles que Wii et Kinect. Le concept - il est judicieux de le rappeler - repose sur un contrôle de l’interface sans utilisation de manettes ni périphériques ; tout se joue avec le corps.

Ce qui est intéressant avec la Wii, c’est qu’elle permet l’accessibilité aux différentes formes de handicaps. Grâce notamment à des consoles de jeux avec plateaux comme le Wii Balance Board. En plus de servir d’outil de rééducation - pour favoriser la mobilité des articulations et l’équilibre entre autres -, la « thérapie Wii » s’avère une excellente approche cognitive.

Mais la technologie de reconnaissance des mouvements va encore plus loin dans son champ d’application. Leap Motion a mis au point un suivi des mains plus lisse et plus organique que jamais en boostant l’expérience AR / VR (réalité augmentée et réalité virtuelle) à un niveau inégalé.

Toujours dans l’univers virtuel, Google et Microsoft ont apporté tous deux, en quelque sorte, leur pierre à l’édifice afin de résoudre les problèmes d'accessibilité, en réalité virtuelle. La firme de Mountain View a créé un prototype de système de navigation audio-spatiale pour la réalité virtuelle.

Microsoft, quant à lui, propose l’accessibilité en VR avec « Canetroller », un petit bijou rendant accessible la réalité virtuelle aux malvoyants grâce à la simulation haptique et auditive d'une canne.

Comment accroître l’accessibilité numérique ?

Le premier réflexe est de prendre acte dès le départ de la notion de conception universelle : d’associer intuitivement handicap et technologie ! C’est-à-dire, créer des appareils, des produits et des services accessibles sans besoin d’adaptation. Ces dispositifs réuniront bien sûr tous les aspects techniques, ergonomiques et éditoriaux de l’outil.

Il s’agit concrètement de mettre tout en œuvre pour permettre de réelles avancées technologiques pour le handicap, que ce soit sur un site internet, une documentation électronique, des terminaux ou encore des applications.

Moïse Akbaraly

Moïse Akbaraly

Diplômé de l’ESC Rennes et de l’Open University, Moïse co-fonde Ipedis avec Jackir en 2006. Après une expérience à Londres dans la gestion d’actifs, Moïse reprend du service au sein d’Ipedis en 2012 pour diriger les équipes conseils et commerciales. Il accompagne au quotidien les clients pour améliorer l’accessibilité et faire bouger les lignes dans l’intérêt du plus grand nombre. Il réinvente la proposition de valeur pour ancrer l’accessibilité dans les enjeux d’aujourd’hui et demain. Co-fondateur et Directeur associé, il dirige les équipes Conseil, Marketing et Commerciale.

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